Réponses et débats : évolution des délimitations, ouvrir ou maintenir ?
Face à ce constat, trois grands axes de contention traversent le vignoble ligérien :
1. Adapter les délimitations : une demande croissante du terrain
Plusieurs appellations ont entamé des démarches de redélimitation. À Saumur, un projet pilote (2022-2024) vise à intégrer certaines parcelles jadis exclues, mais désormais qualitatives grâce au climat. Le comité régional de l’INAO de Tours s’est saisi du dossier, mais la prudence réglementaire reste de mise. D’autres, comme l’AOC Anjou Blanc, réfléchissent à l’admission de nouveaux cépages dits “d’avenir” (ex : Vidoc, Floréal) pour conserver la typicité aromatique face à la montée des températures.
2. Préserver l’identité : la tentation du conservatisme
À l’inverse, certains acteurs mettent en garde contre une évolution trop rapide, au risque de perdre l’identité historique des crus. Leur argument : les frontières anciennes sont le fruit d’un savoir collectif laboûté, de décennies d’observations fines et d’équilibres sociaux-économiques fragiles.
- L’exemple du Vouvray est frappant : la crainte de voir l’appellation perdre son classicisme guide une politique de stabilité, quitte à devoir adapter fortement la conduite du vignoble plutôt que les frontières.
- Les conseils viticoles insistent aussi sur le caractère cyclique de certains phénomènes climatiques et sur le danger d’ouvrir trop tôt la boite de Pandore réglementaire.
3. Repenser la géographie du vin : vers une approche dynamique
Des voix nouvelles militent pour une vision “vivante” de la délimitation, inspirée des démarches parcellaires bourguignonnes. Plutôt que de fonder l’appellation sur une carte figée, pourquoi ne pas imaginer des critères d’inclusion/exclusion révisables périodiquement, en se basant sur des données climatiques, agronomiques et sensorielle à jour ?