L’art des assemblages et de la franchise ligérienne
Le domaine Tessier incarne une qualité rarement assez soulignée du vignoble ligérien : l’art de l’assemblage. Dans les blancs, Sauvignon (majoritaire mais rarement médian), Chardonnay, Menu Pineau et l’insolite Orbois (ou Arbois, cépage historique de la Loire centrale) s’invitent selon la mosaïque des parcelles.
Au château des Gamay francs et Pinot noir énoncent, dans les rouges, une partition sans esbroufe. Philippe Tessier cultive des vins où chaque cépage, chaque millésime trouve naturellement sa voix :
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Ses blancs de Cheverny (principalement la cuvée « Les Sables ») expriment une fraîcheur incisive, sur des notes de fleurs blanches, d’agrumes, de poire, rehaussée parfois d’un trait fumé dû à certaines argiles ferrugineuses du secteur de Cellettes.
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Les rouges oscillent entre Gamay fringant, Pinot noir gracile et touche feutrée de Côt. Toujours sur la retenue, loin de tout effet capiteux.
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La cuvée « La Charbonnerie » — parcellaire élevé sur des cailloutis de silex, souvent sur le fil, droit comme un trait de plume.
Dans la pratique œnologique, la philosophie du domaine se traduit par des fermentations naturelles, aucun intrant à l’exception – parfois – d’une faible dose de soufre à la mise. Aucune filtration systématique, des élevages sur lies, le respect du calendrier lunaire pour la mise en bouteille.
Ce soin porté à la précision s’accompagne d’une rare honnêteté. En années difficiles (2012, 2021), il lui arrive de ne pas assembler certaines cuvées, jugeant que « le vin ne parlait pas ». Chez Tessier, l’exigence prend le pas sur l’exubérance – et sur les envies de marché.