Au cœur de Valençay : Identité, finesse et secrets des vins d’Alain Malet

6 juillet 2025

Un terroir confidentiel qui façonne des vins de caractère

Situé à la frontière entre Berry et Touraine, le vignoble de Valençay porte l’empreinte silencieuse d’un paysage vallonné et boisé, loin du tumulte des plus grandes appellations ligériennes. À Alain Malet Valençay, le vin s’ancre dans ce terroir où la craie, l’argile à silex et les effluves forestières se mêlent. Ce secteur, parfois éclipsé par la renommée de ses voisins, garde une rare unité dans la diversité, inscrivant ses vins — blancs, rouges et rosés — entre tension minérale et éclat fruité.

En 2022, l’aire d’appellation Valençay totalisait quelque 170 hectares de vignes en production (source : Syndicat des Vins de Valençay), soit à peine 0,2 % du vignoble ligérien. Une poignée de vignerons s’y partagent la scène, cultivant une identité assumée, dont Alain Malet est l’un des ambassadeurs.

Un vignoble polycultural à la tradition unique

Valençay ne se laisse pas apprivoiser d’un coup d’œil. Ici, l’histoire de la vigne croise celle de la chèvre (le célèbre fromage AOP Valençay partage l’air du temps), du bocage et des châteaux. Cette empreinte rurale se ressent dans la façon dont les vignerons, à l’image d’Alain Malet, travaillent leurs parcelles : mosaiculture, vinifications douces et respect d’un écosystème riche en biodiversité.

  • Exposition : Les vignes se déploient le long de terrasses orientées sud-sud-ouest, profitant d’un microclimat influencé par la vallée du Cher, entre 100 et 190 mètres d’altitude.
  • Sols : Dominance de terres argilo-siliceuses et d’affleurements de calcaire, donnant naissance à des vins à la fois tendus et soutenus par une jolie structure.
  • Philosophie : Pratiques limitées en intrants, enherbement naturel, vendanges précises… Autant de gestes guidés par une recherche d’équilibre entre expression fruitée et trame minérale.

Cépages et assemblages : la signature de Valençay

Le profil des vins issus d’Alain Malet Valençay s’appuie sur une composition singulière, héritée de la tradition locale et régulée par un cahier des charges précis.

Blancs : quand le Sauvignon transcende le terroir

  • Sauvignon blanc (mini. 70 %) : C’est l’ossature de l’AOC Valençay en blanc. Ici, le Sauvignon arbore rarement le côté “variétal” exubérant de certaines expressions ligériennes ; il s’exprime par une fraîcheur ciselée, des notes d’agrumes, de fleurs blanches, parfois rehaussées par le fruité du Chardonnay.
  • Chardonnay et Arbois : Ils complètent l’assemblage, libérant de subtiles touches de poire, d’amande ou de fruits à chair blanche, tout en apportant du volume en bouche.

Le résultat ? Des blancs précis, d’une grande digestibilité, qui marient sapidité, finale iodée et une amertume délicate. Selon Le Figaro Vin, ils montrent souvent un potentiel de garde insoupçonné (jusqu’à 5 ans pour les cuvées parcellaires).

Rouges : fraîcheur, filigrane et souplesse ligérienne

  • Gamay (maxi. 60 %) : Cépage roi du rouge valencéen, il égaye les cuvées de notes de fruits rouges éclatants (griotte, framboise), de poivre blanc et de violette, porté par une trame légère et soyeuse.
  • Pinot noir (mini. 30 %) : Il offre une structure plus dense, des arômes de cerise, parfois une légère rusticité, toujours tempérée par l’élégance du Gamay.
  • Côt (Malbec) : Ce cépage minoritaire ajoute du caractère, des épices douces, une coloration soutenue et une allonge tannique discrète.

Les rouges signés Alain Malet se distinguent par leur bouquet expressif, leur buvabilité et leur vivacité : une signature accessible, peu marquée par le boisé, qui épouse la cuisine régionale.

Techniques de vinification et choix œnologiques : entre précision et sobriété

Le style des vins d’Alain Malet Valençay ne se limite pas à la vigne : c’est au chai que s’affine la main du vigneron.

  • Pressurages lents pour les blancs, favorisant l’élégance des arômes “fleur de sel” et la netteté des jus.
  • Vinifications en cuve inox majoritaires, parfois complétées par de courts passages sous bois pour complexifier la texture mais sans masquer le terroir.
  • Peu de macération et extractions douces pour les rouges, recherchant avant tout fraîcheur, souplesse et éclat aromatique.
  • Rosés issus de saignée ou pressurage direct, offrant des vins fruités, digestes, à la teinte pâle.

Les élevages ne dépassent que rarement 8 à 10 mois. Le soufre est utilisé à dose homéopathique. C’est tout l’esprit du Valençay moderne : préserver le fruit, révéler le terroir, éviter la caricature technologique.

À noter qu’une part croissante du vignoble est conduite selon les principes de l’agriculture biologique, même si la certification reste marginale (moins de 10 % des surfaces en 2023, selon InterLoire).

Portrait organoleptique : quels styles dans le verre ?

Les blancs : finesse, croquant, minéralité

Les blancs d’Alain Malet Valençay affichent une robe jaune pâle aux reflets argentés. Leur nez, immédiat, s’ouvre sur des zestes de citron, de la poire fraîche, un soupçon de bourgeon de cassis et souvent une minéralité crayeuse très pure. En bouche, l’attaque est nerveuse, portée par une acidité tranchante qui laisse place à un milieu de bouche fruité, rappelant la pomme Granny et la fleur d’acacia. Finale persistante sur des notes salines, parfois une discrète touche anisée.

  • Accords classiques : Fromages de chèvre (Valençay AOP !), sandre au beurre blanc, asperges blanches ou carpaccio de Saint-Jacques.

Les rouges : la gourmandise ligérienne au naturel

Robe rubis clair, bouquet de fruits rouges mûrs et d’épices douces, bouche souple où s’équilibrent fraîcheur et tanins fondus. Petites notes de sous-bois, parfois une finale sur la cerise noire. Idéal sur des viandes blanches grillées ou une volaille de Sologne.

Les rosés : le retour du fruit et de la fraîcheur

Mêlant Gamay et Pinot noir, ces rosés exhalent fraise écrasée, groseille, rose : la bouche est vive, délicate, jamais démonstrative. À boire bien frais, à l’ombre des arbres d’un jardin ligérien.

Ancrage, anecdotes et reconnaissance

Le Valençay demeure à part dans le Val de Loire. Sa double AOC (vin et fromage, cas unique en France depuis 1998) façonne un art de vivre singulier, encore vivace lors de la Fête des Vins et Fromages organisée chaque printemps près du château (plus de 10 000 visiteurs en 2023, selon la Communauté de Communes Écueillé-Valençay).

Si l’appellation reste confidentielle (850 000 bouteilles par an en moyenne, soit 0,4 % de la production du Val de Loire), elle attire de plus en plus l’attention de la presse spécialisée : la Revue du Vin de France a placé un rouge d’Alain Malet dans son Top 50 des “Découvertes coups de cœur” en 2022.

Dans les coulisses, la solidarité vigneronne reste forte. Il n’est pas rare que les caves coopératives prêtent main-forte lors des vendanges ou pour l’achat groupé de petits matériels, perpétuant un esprit collectif hérité des anciens.

Perspectives, défis et avenir pour les vins d’Alain Malet Valençay

Alors que le climat change et met à l’épreuve la précocité des vendanges (la récolte 2022 a débuté le 25 août, du jamais vu en Valençay, selon France 3 Centre-Val de Loire), les vignerons d’Alain Malet innovent : haies de protection contre le vent, essais de porte-greffes plus résistants à la sécheresse, retours à la polyculture.

La notoriété croissante, portée par l’œnotourisme et la valorisation des circuits courts, favorise de nouvelles initiatives : nombreuses journées portes ouvertes, cuvées en amphore, micro-parcellaires sans soufre.

Les vins d’Alain Malet Valençay sont donc le reflet d’un paysage, d’une communauté, d’une exigence tournée vers l’avenir. Profil fin, minéral, frais, jamais ostentatoire mais toujours d’une justesse rare. Une invitation à lever le voile sur l’une des facettes les plus discrètes — et attachantes — du Val de Loire viticole.

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