Du frisson des vignerons au chuchotement des barriques, le Salon des Vins de Loire s’affirme chaque année comme le grand carrefour des vins ligériens. Créé en 1987 à Angers, ce salon professionnel rassemble aujourd’hui plus de 350 exposants, vignerons et maisons, reflétant la mosaïque des terroirs du plus long vignoble de France.
La Loire, serpentant de l’Auvergne à l’Atlantique, y déploie toutes ses nuances, réunissant sur quelques allées effervescentes ce que le fleuve inspire de mieux : une incroyable diversité de profils, entre traditions revisitées et élans novateurs. Mais à quoi ressemble vraiment la palette des vins présentés au Salon ? Tour d’horizon pour mieux saisir l’âme des cuvées ligériennes d’aujourd’hui.
Le Val de Loire, fort de ses 52 AOP et 6 IGP réparties sur plus de 780 km, séduit par la richesse de ses expressions. Le salon en est le témoin vivant, offrant une plongée dans quatre grandes familles de vins :
Au fil des stands, cette diversité s’incarne dans la singularité des terroirs : sols argilo-calcaires, tuffeau, graviers, schistes – chaque vin porte, sans travestir, l’empreinte de sa parcelle. À ce titre, la Loire s’illustre par sa capacité à faire vibrer la notion, exigeante et délicate, de terroir.
Depuis cinq ans, un vent nouveau anime le Salon : celui d’une viticulture engagée, consciente des enjeux du changement climatique et de la demande des consommateurs. Trois grandes tendances se distinguent parmi les vins présentés :
À cela s’ajoute la montée en puissance des cuvées parcellaires, qui remettent à l’honneur le mot “lieu-dit”, et la volonté affirmée de travailler des cépages autochtones, tels Pineau d’Aunis, Romorantin, ou Grolleau Noir, longtemps en retrait.
Le public du salon – acheteurs, cavistes, sommeliers, journalistes – recherche aujourd’hui :
Entre la fraîcheur d’un Sauvignon de Pouilly-Fumé, la légèreté gouleyante d’un Gamay d’Anjou, la profondeur d’un Anjou rouge élevé sur schistes, le salon exhale ce que la Loire offre de subtil et lumineux.
Certains territoires concentrent l’attention par le dynamisme de leurs exposants et la vitalité de leurs styles :
Quelques figures iconiques s’imposent, tel le collectif Les Vins du Coin (Loire-Est), tout autant que la nouvelle garde : Angélique Lévy (Domaine Lévy, Touraine), Alexandre Gendron (Domaine de la Roche Bleue, Jasnières), ou encore Benoît Courault (Anjou) – artisans d’un renouveau qu’on goûte au détour des allées.
Le Salon des Vins de Loire attire dans son sillage une nébuleuse de “salons off”, rendez-vous confidentiels ou alternatifs qui jouent le rôle de révélateurs de tendances :
Ces événements ont participé à recentrer le regard sur ce qui “fait” le vin ligérien aujourd’hui : le lien à la terre, l’engagement, l’humilité, l’expérimentation. Difficile de dresser le profil d’un vin de Loire “typique” : la Loire, c’est avant tout l’art du contre-pied, de la nuance, de l’éclosion de styles parfois éphémères mais toujours enracinés.
Plus qu’un simple salon, cet événement annuel est le miroir des qualités et mutations du vignoble ligérien : fresque vivante, multiple, réfractaire à toute caricature. Les profils de vins découverts à Angers s’ancrent dans la tension, la fraîcheur, la pluralité de terroirs, le respect du vivant, et une convivialité généreuse.
À travers les vins et les femmes et hommes qui les portent, le Salon des Vins de Loire révèle la capacité unique de la Loire à conjuguer tradition et renouveau, classicisme et audace, modestie paysanne et envols poétiques. Sous les voûtes du parc des expositions, le Val de Loire n’arrête jamais de se raconter – chaque flacon est une invitation à la découverte, chaque profil un reflet du vivant qui fait vibrer la plus longue rivière de France.
